Pourquoi autant de passion autour de Jean Moulin ? Comment présenter Jean Moulin dans le cadre pédagogique ?
1. Rapports entre histoire et mémoire
Intervention de Laurent DOUZOU, historien et professeur à l’IEP de LYON
Le rapport pédagogique à la mémoire des « héros »
Il y a nécessairement un écart entre la connaissance savante et le discours pédagogique : il ne faut pas présenter des héros comme tels mais présenter à leurs côtés des "héros" inconnus, une façon de combattre l’illusion qu’ils ont du héros.
Mémoire (fidélité à un passé) et Histoire ( la vérité, l’objectivité) ont été opposées très longtemps. Mais depuis une trentaine d’années, la mémoire n’est plus seulement une source : elle est devenue un fantastique objet d’histoire.
Jean Moulin entre en mémoire le 19 décembre 1964 avec son entrée au Panthéon alors que d’ordinaire « la panthéonisation tue les gens une seconde fois ». Là, elle fut un acte réussi qui a changé le statut mémoriel de Jean Moulin puisque jusqu’en 1964, il n’est pas le héros éponyme de la Résistance
Un homme ordinaire
Les traces d’un futur héros ne sont pas perceptibles dans l’enfance et la jeunesse de Jean Moulin qui est « un homme ordinaire que des circonstances exceptionnelles amènent à se dépasser »
Né à Béziers, le 20 juin 1899, d’une famille de petits notables de province, il est trop jeune pour participer à la grande guerre. Son père qui a de solides convictions républicaines lui a transmis l’amour de la république. Il s’engage dans l’administration, dévoré de l’ambition d’être préfet. Plus jeune sous-préfet de France à 26 ans, il fait partie de cabinets ministériels (Pierre Cot), ce qui lui permet une bonne connaissance des problèmes d’arrondissements comme des questions nationales. A 37 ans, il est le plus jeune préfet de France. En 1939, au moment de la guerre, il est préfet de Chartres en Eure-et-Loir.
Survient le 17 juin 1940 et son refus de signer. Craignant de céder à la torture, il se tranche la gorge avec un morceau de verre. ( ce qui donne dans le discours de Malraux avec un rasoir) C’est seulement le 2 novembre 1940 qu’il est limogé. Sa carrière est brisée puisqu’il est désormais à la retraite Une première vie s’arrête .
C’est donc le parcours très cohérent d’un homme qui aime la République et est prêt à mourir pour elle. On remarquera que René Bousquet a été lui aussi le plus jeune préfet de France , un préfet qui aime la république et qui a un tout autre parcours.
Rien n’était écrit !
Un homme qui veut agir.
Il gagne la zone sud et le pays de son enfance (Saint-Andiol ) où il se deplace beaucoup sous le couvert légal d’une galerie de peinture qu’il ouvre. Il fait une enquête, comme un bon préfet peut la faire, et dresse un panorama de la Résistance. A l’hiver 40-41, il écrit « Premier combat » et réfléchit à son aventure malgré lui. En octobre 1941, il gagne Londres avec un rapport de treize pages qui, s’il comporte des erreurs, est un joli travail de synthèse. Il n’a pas l’intention de rester à Londres et se présente au Général de Gaulle comme un homme qui veut agir sur le sol national.
Il repart avec la mission d’essayer d’unifier les groupements de zone sud.
L’union des mouvements de Résistance
Il est difficile de parler de mouvements à un moment où la résistance pionnière est composée de gens en train de désespérer. En effet, une analyse rationnelle de la situation en 1940 invite à ne rien faire. On discute beaucoup , mais il a beaucoup de groupes morts nés pendant cette première période,( « beaucoup d’appelés et peu d’élus »). Seuls quelques-uns émergent ets euls , feront exception des hommes à très forte personnalité
. Henri Frenay . Né en 1905, militaire, officier d’active prometteur qui a fait l’école de guerre, maréchaliste en 1940, il pense son action en bon militaire en terme d’organigramme : recrutement,secrétariat... Il essaie à ce moment-là de rencontrer des gens ; sa seule arme le bluff. Par exemple, la rencontre avec Claude Bourdet, nommé chef départemental des Alpes Maritimes mais sans personne sous ses ordres. Il imprime de petits bulletins qui deviendront fin 1941 Combat
. Emmanuel d’Astier de la Vigerie né en 1900 dans une famille aristocratique. Il a fait Navale en dilettante où il a surtout fumé l’opium ( ses états de service montrent des congés nombreux). Il a écrit de mauvais romans, a été journaliste mondain où il a même écrit des articles antisémites dans les années 30. Il bénéficie d’une telle réputation que Pascal Copeau et Joseph Kessel ( discussion avec lui un soir dans un hôtel autour d’une fumerie) déclinent son offre de formation de réseau. C’est l’antithèse de Frenay, y compris pour l’organisation. Lui aussi fonctionne au bluff dans le recrutement. Il crée ce qui va devenir Liberation zone sud avec Lucie Aubrac et Jean Cavaillès. Lucie Aubrac est une femme hors du commun. Issue d’un milieu paysan , elle réussit l’Ecole normale mais refuse de s’enfermer dans ce système ce qui lui vaut d’être mise dehors par ses parents qui voyaient les rêves d’ascension sociale s’écrouler. Elle gagne Paris où elle vivote grâce à des petits boulots et milite aux jeunesses communistes en reprenant ses études. Elle a une vraie expérience politique que d’Astier n’a pas. Jean Cavaillès est un littéraire et scientifique ( double licence) sorti premier de la rue d’Ulm . Il a fait une thèse très pointue en 1938. Ainsi la guerre révèle des gens comme d’Astier qui était sans doute le moins prédestiné des trois à diriger Libération. A noter qu’il est toujours sous l’emprise de la drogue ( il était passé à l’héroïne) il se déprend seul au prix de tourments de désintoxication certains
. Franc-Tireur . L’impulsion est donné par des lyonnais qui discutent place des Terreaux, rejoints par Jean-Pierre Levy. C’est un homme très pondéré , un conciliateur.
Quand Moulin arrive pour unifier ces mouvements, il rencontre des gens qui ont fait d’énormes efforts pour bâtir des groupes et qui tiennent à leur indépendance : or, il vient tout simplement demander de fusionner ! Il n’est pas étonnant que le travail pour vaincre les divisions soit énorme et les disputes homériques. Mais c’est toute la force du rôle de Moulin qui s’impose au-dessus de leurs désaccords.
Le 27 novembre 1942 est créé le Comité de Coordination de Zone Sud à Collonges au Mont d’Or dans la but de coordonner les 3 mouvements : il réunit les 3 chefs autour de Jean Moulin qui a voix prépondérante. L’organisation ne peut s’achever que grâce à Londres. Mais les contraintes de la résistance sont telles que finalement seuls Frenay et d’Astier peuvent s’y rendre. On parle alors de coordination, mais les militants entendent fusion, ce qui conduit en janvier 1943 aux MUR avec un comité ( les mêmes) et un président , Jean Moulin (toujours à voix prépondérante.)
On fusionne tout sauf les journaux sous l’argument que le public visé par chacun n’est pas le même : Libération s’adresse plutôt aux milieux populaires et ouvriers, Combat à la droite libérale, Franc-Tireur à la classe moyenne et aux francs-maçons.
L’union réalisée au sud, il faut la créer en zone nord : c’est l’objectif du voyage à Londres en février-mars 1943 avec Delestraint qui aboutit le 27 mai 1943 au CNR. Il unifie les mouvements, partis, syndicats ... résistants.
Il faut replacer tout cela en pleine bataille Giraud/de Gaulle à Alger : l’ouvre de Moulin, c’est aussi un télégramme qui place toute la résistance intérieure derrière de Gaulle et lui permet de s’imposer face à Giraud.
Le 21 juin 1943, Jean Moulin est arrêté. Il meurt à la mi-juillet 1943.
Après sa disparition, les cartes sont redistribuées : plus personne ne cumule les rôles de Jean Moulin, désormais répartis.
La mémoire de Jean Moulin
Donc Moulin est quelqu’un dont la mémoire s’efface très tôt. « Un qui tombe parmi tant d’autres ». A la libération, Jean Moulin est célébré parmi d’autres, chaque réseau ayant son « héros ». Les « héros » sont nombreux, portés jusqu’en 1964 par la mémoire familiale ou politique.
C’est donc le 19 décembre 1964 et le choix de Jean Moulin pour la panthéonisation qui créent la mémoire actuelle.
Quels étaient les critères en amont de ce choix ?
. il faut avoir été un pionner dès juin 1940
. il faut être mort à la lutte clandestine
. il faut être mort en héros, torturé, sans avoir parlé
. il faut avoir été un chef
. il faut être accepté par la Résistance intérieure et extérieure, être à la fois « un homme de l’ombre et un homme de Londres »
. il faut avoir été porté après guerre par une mémoire
Il y a 5 héros potentiels en 1964
. Pierre Brossolette
. Jean Cavaillès
. Jacques Bingen
. Berthie Albrecht ( mais une femme)
. Jean Moulin
On ne sait pas pourquoi de Gaulle le choisit ( les archives privées sont encore fermées) mais Jean Moulin est le seul à cumuler tous les critères et à avoir été d’une loyauté irréprochable vis-à-vis du général de Gaulle. (Il est quelque part choisi en opposition à Georges Bidault son successeur à la tête du CNR ; la guerre d’Algérie est passée par là).
Moulin, c’est aussi le préfet qui n’a pas failli !
L’homme du Panthéon.
Le discours de Malraux, dans le style oraison funèbre à la Bossuet, est préparé par plusieurs discours du même type qui ont précédé : celui pour Jean Moulin est le discours achevé après les essais précédents. Un discours épique qui associe « l’armée des ombres » derrière Moulin , le nom de tous les autres à travers le sien. Pour se souvenir des héros , il faut des exempla ( au sens romain) que l’on peut magnifier ( ex le rasoir) ; il parle à de Gaulle ( seul cité dans les politesses du début) et de de Gaulle, associant l’homme présent et son passé. Jean Moulin reste dans la mémoire, l’homme du Panthéon.
Au discours connu de tous, on peut associer la photo, une photo qui date d’avant guerre et qui « colle » totalement à l’idée que l’on se fait de l’homme à la gorge tranchée. Elle se révèle une vraie chance pour la mémoire.
Quand en 1981, Mitterand dépose 3 roses au Panthéon ( Jaurès, Moulin, Rosenkreuz), il choisit Moulin et pas Brossolette .
Mais en accédant au statut de héros, il devient l’homme à abattre « des gens qui veulent déboulonner le statues » ( (1973, Frenay La nuit finira suivi de L’énigme Jean Moulin - Dans l’accusation de crypto-communisme , c’est le crypto qui fait mal) C’est ce qu’Henri Rousso appelle « le miroir brisé » d’après le Chagrin et la pitié et la mort de Gaulle. Toutes les tentatives ont échoué.
Réponses aux questions :
La résistance et ses divisions - Les divisions postérieures de la mémoire et le mythe de l’unité léguée ? : la clandestinité est une caisse de résonance énorme de la rumeur. Une unité très « extra » ordinaire, juste le temps d’un combat, fondée aussi sur des rivalités. Lire JP Vernant Entre mythe et politique, le texte sur l’amitié. Il se place à l’époque grecque mais il faut voir à travers ses propos la résistance dont il était
Dans l’examen des divisions de la résistance, les points de vue ne sont jamais neutres. Pour Daniel Cordier ( question au sujet de Brossolette) , il n’y a pas deux héros possibles ! donc il préserve avant tout le statut de Moulin
Quelle est l’importance du Front Populaire pour la période ? Il est à l’origine d’une réaction de la bourgeoisie et d’une union à gauche, mais il n’a pas une importance réelle pour la résistance où au contraire il faut oublier le Front populaire pour s’unir.
Importance fondamentale du temps et d’une notion différente du temps à cette époque, d’où l’importance de la chronologie avec à l’esprit la notion du temps et de l’évolution de l’homme. Jean Moulin passe en 3 ans de l’homme qui craint de céder à la torture à celui qui ne parle pas sous la torture. En 43-44, la France est attentiste dans sa majorité. Le climat des années 1940-41 est différent de celui 44. Etre résistant en 40-41, c’est se vouer à l’isolement en zone sud ( différent en zone nord du fait de l’occupation)alors qu’en 1944 la solidarité de tout un village derrière un maquis est possible et réelle.
Bibliographie sélective
. Michel, Henri, Jean Moulin l’unificateur, Hachette réédité en 1983 (simple, clair même si un peu vieux)
. Cordier, Daniel, Jean Moulin, l’inconnu du Panthéon, Jean Claude Lattès, 1989 et 1993, 3 vol.
Cordier, Daniel, Jean Moulin, la République des catacombes, Paris, Gallimard, 1999. Précieux pour les documents d’archives publiés)
. Azema, Jean-Pierre, Jean Moulin, le rebelle, le politique, le résistant à paraître chez Perrin, mars 2003 (remarquable , intelligent , regard critique)
. Laborie, Pierre, Les Français sous Vichy et l’Occupation. Milan, Les essentiels, (condensé de sa réflexion, bien écrit, les usages de la mémoire)
Compléments bibliographiques :
. Charles d’Aragon, La Résistance sans héroïsme, texte présenté par Guillaume Piketty, édition du Tricorne, Genève, 2001
. Humbert Agnès, Notre Guerre. Souvenirs de résistance 1940-1941, Paris, Emile-Paul, 1946,
2. Biographie de Jean Moulin
(20 juin 1899 - 8 juillet 1943)
Intervention de Madame LEVISSE-TOUZE, chercheur et directrice du centre culturel Mémorial du Maréchal Leclerc de Hautecloque et de la Libération de Paris et Musée Jean Moulin , réunion de deux musées qui ont pour origine, d’une part une donation de la Fondation du Maréchal Leclerc de Hautecloque, et d’autre part un legs d’Antoinette Sasse à la Ville de Paris . Le fond Antoinette Sasse très riche est capital autour de la mémoire : tous les journaux , lettres, etc.
Il faut retrouver l’homme et sa dimension humaine.
La culture familiale
Jean Moulin est un homme simple, issu d’une famille bourgeoise, cultivée ( père et mère , ce qui est encore rare) contrairement à ce qu’en dit sa sour Laure. Béziers est le lieu de poste d’Antonin Moulin, professeur de lettres classiques et d’histoire-géographie au lycée Henri IV ( désormais Jean Moulin). La famille a 3 enfants et la mort du frère à 19 ans est un drame familial.
La culture provençale de la famille ( liens avec Frédéric Mistral), attachée à Saint-Andiol où est la maison familiale et la Bastide que Jean Moulin a achetée, et les idées républicaines du père le marquent . Anthonin est athée laïc mais pas sectaire ( Jean Moulin suit la catéchèse )
C’est une famille républicaine attachée à l’image de Gambetta ; le père a été emprisonné sous Mac Mahon, dreyfusard dès la première heure, franc-maçon, défenseur des victimes du Coup d’Etat de Louis Napoléon ( il est à l’origine d’une société d’entraide pour aider les « déportés en Guyane » et d’un monument par souscription à la mémoire du maire mort en Guyanne ), mais hostile aux mouvements contre l’ordre : la grande crise vinicole du midi 1907 marque les enfants parce qu’ils sont consignés à la maison .
Les études
Il est un élève ordinaire qui ne se met à travailler vraiment que quand il choisit sa voie. Très attiré par le dessin (Pas un hasard s’il ouvre une galerie de peinture pour s’assurer une couverture pendant la guerre), il ne se résout à faire son droit que parce que le père lui fait comprendre qu’il ne pourra pas vivre du dessin. Il préfère servir l’Etat plutôt qu’être un élu ( il a vu les trop durs combats de son père). Il entre dans la préfectorale sans passion. D’abord attaché au cabinet du préfet en préparant sa licence de droit, il se révèle un très bon fonctionnaire et son père un très bon formateur dans les conseils à la construction des premiers discours. Il va acquérir la passion de la carrière préfectorale
Jean Moulin, homme de gauche ?
Laure Moulin dit qu’il a eu sa carte au parti radical-socialiste et qu’il l’a finalement détruite, alors que Daniel Cordier assure qu’il n’a jamais adhéré. On n’a rien trouvé. Par contre, étudiant, il a adhéré aux Jeunesses laïques républicaines de Montpellier , un groupe parallèle au parti radical-socialiste. Il a publié dans des journaux ses caricatures ( mours de l’époque, banquets républicains, vie politique,etc. ). Il rencontre Pierre Cot qui a 3 ans de plus que lui. Jean Moulin est admiratif du jeune député de Savoie qui a brillé pendant la 1ere guerre mondiale ( le frère perdu ?). Ses postes dans les cabinets ministériels lui font découvrir une autre dimension que celle du département. Le 6 fevrier 1934 , il rédige une lettre où il s’insurge contre l’attaque des Camelots du roi.
Sa conception du métier de préfet
Quelques clés.
. il n’a pas combattu pendant la 1ere guerre mondiale et en est resté marqué. Trop jeune , il a été mobilisé 18 mois en Lorraine en 1918, à la fin du conflit. Or, il estime que son devoir est d’être sous les drapeaux. Au début de la guerre, en 1939, il demande à faire un stage dans l’Armée de l’Air à Paris ( décembre), mais Albert Sarrault qui le considère comme « l’une des plus sûres valeurs de l’administration préfectorale en France » le renvoie très vite à Chartres où il ouvre avec une pénurie de moyens en 1940.
. Son journal écrit pendant l’hiver 1940-41 (publié par Laure en 1947) est très intéressant. Il est écrit sans rature, à chaud. Rester à son poste fait partie des ordres donnés par le gouvernement. Les 15-17 juin , il écrit des belles pages autour de l’honneur , de l’impossibilité de faillir et de faire honte à sa mère. Un texte qui frappe d’ailleurs par l’aspect visionnaire : il cite des alliés et donc imagine déjà les Etats-Unis, dans la suite de la guerre.
. Il refuse, sous les coups, de signer un document établi par les Allemands accusant à tort les troupes sénégalaises de l’Armée française de massacres sur les civils. C’est un acte exceptionnel de juin 40. Il est le seul préfet qui a eu à faire face à cette situation et à s’y opposer Doit-on y voir la raison de sa révocation reportée à novembre 1940 ? Pourquoi ne démissionne-t-il pas ? on ne démissionne pas quand on est préfet. D’ailleurs, le ministre de l’intérieur de Pétain songeait à Jean Moulin pour un poste à la tête de la police. Plus tard, les préfets étant devenus rares, Pierre Laval lui propose un poste important à la tête de la police, qu’il refuse ( une lettre au Général de Gaulle), ce qui lui vaut une surveillance particulière.
Donc, quelqu’un qui a acquis la passion du service de l’état et un engagement républicain .
Réponses aux questions :
- De novembre 40 à octobre 41 , une perte de l’histoire parce que les anonymes de Saint-Andiol n’ont pas été interrogés dans l’immédiate après-guerre par la Commission d’Histoire de la Guerre. Il rencontre alors les responsables des différents mouvements de zone Sud.
Quand il va à Lisbonne et à Londres, il n’a pas encore choisi entre de Gaulle et les alliés, les Anglais ont cherché à le récupérer. C’est sur place qu’il choisit.
Caluire est l’aboutissement dramatique de toute une série d’arrestations depuis 1943, un enchaînement : des agents retournés, l’arrestation de Delestraint qui conduit à la réunion de Caluire ... Dès 1943, il y a eu une enquête contre Hardy
Le Groupe Franc de Libération sud a essayé de le faire évader, mais ce qui est possible en octobre 1943, ne l’est pas en juin 43. C’est toute la notion du temps, celui nécessaire à la préparation d’une évasion.
Il faut situer l’arrestation de Jean Moulin dans cette année 1943 où les mesures contre « les terroristes » s’intensifient : le débarquement en Afrique du Nord, l’axe en repli, les maquis en train de se développer ( instauration du STO) . La résistance intérieure et le contexte extérieur sont extrêmement liés. L’Abwehr, la police française, etc. sont en chasse contre les résistants . Dans sa dernière lettre, il annonce l’arrestation de Vidal. Il se sent traqué, ne se projette à aucun moment dans l’avenir
Sa disparition ne compromet rien : l’organisation est en place.
Au moment du Statut des juifs, Jean Moulin est encore préfet puisqu’il n’est démis que le 2 novembre 1940. On ne trouve aucun papier signé à ce sujet ni dans les archives nationales, ni départementales. Il a dû traîner les pieds comme tout préfet qui se respecte.
Procès de Riom. Il est convoqué comme ancien assistant de Pierre Cot. Il ne répond pas aux questions qu’il détourne pour défendre l’honneur de son patron. Il aurait pu ne pas répondre comme d’autres. Pierre Cot, repoussé par de Gaulle, part aux Etats Unis. Le général ne veut pas de l’homme avec l’ « opinion » qu’il incarne.
Indications Bibliographiques :
. Azema, Jean-Pierre, Jean Moulin face à l’histoire, acte de colloque, Montpellier
. Un dossier remarquable de l’ Université de Toulouse sur son enfance et sa jeunesse parce que sa première résistance a lieu dans le sud , sa région. ( je n’ai pas le titre complet Jean Moulin enfant du ...Languedoc)
Prise de notes : Evelyne Py