Film réalisé en 1956 par Alain Resnais sur un texte de Jean Cayrol
" Qui de nous veille de cet étrange observatoire pour nous avertir de la venue des nouveaux bourreaux ? Ont-ils vraiment un autre visage que le nôtre ? Nous qui ne pensons pas à regarder autour de nous, et qui n’entendons pas qu’on crie sans fin "
Jean Cayrol, Nuit et brouillard, Fayard 1997.
1. L’histoire du film.
Ce film de 32 minutes fut commandé par le Comité d’Histoire de la Seconde Guerre Mondiale pour le dixième anniversaire de la libération des camps. Il fut sélectionné pour représenter la France au festival de Cannes mais ....
2. Les sources utilisées.
3. Quelques documents pour mieux comprendre.
a. Carte des camps.
b. Le Décret " NUIT ET BROUILLARD " (" Nacht und Nebel ", NN)
(...)Avec le début de la campagne de Russie, des élémentscommunistes et d’autres milieux germanophobes ont intensifiéleurs attaques contre le Reich et contre la Puissance Occupante.L’étendue et le caractère dangereux de ces menées imposent,pour des raisons d’intimidation, les mesures les plus rigoureuses à l’égard de leurs auteurs.(...)
I. Dans les territoires occupés, la peine de mort est par principe, de circonstance pour tous les actes délictueux commis par descivils non allemands, dirigés contre le Reich et contre laPuissance Occupante (...)
III. Les auteurs (des délits) transférés en Allemagne n’y serontsoumis aux procédures de guerre que si des considérationsd’intérêt militaire l’exigent. Il y aura lieu de répondre aux demandes de renseignements, émanant de services allemande ou étrangers et concernant de tels auteurs, qu·ils ont été appréhendés et que 1’état de la procédure ne permet pas de donner de plus amples informations.(...)
Ordonnance Allemande du 12 décembre 1941.
c. La solution finale
voir fiche1. Document 7 : extraits de la conférence de Wansee
3. Extraits de témoignages
Les extraits sont choisis en fonction des scènes à commenter dans "La vie est belle"
a. Sélection
Je tenais ma petite sour dans mes bras en arrivant à Auschwitz. Ma mère tenait un enfant de 3 ans par la main. Près de la rampe, il y avait Lucas. J’ai appris son nom plus tard. Il me scruta, marmonna quelque chose comme " assez forte pour travailler ", enleva l’enfant de mes bras et le jeta à ma mère. On les conduisit vers la gauche. J’ai appris plus tard ce que signifiait cette sélection : le même jour, elles ont été passées à la chambre à gaz.
H Goldman, Tchèque, arrivée à Auschwitz en mai 1944. Déposition au procès d’Auschwitz le 3 septembre 1964.
b. Avant la chambre à gaz
" Ce qui importait avant tout, c’était de maintenir un calme aussi complet que possible pendant toute l’opération de l’arrivée et du déshabillage. Surtout pas de cris, pas d’agitation !
Dans cette ambiance inhabituelle, les enfants en bas âge se mettaient en général à pleurnicher. Mais après avoir été consolés par leur mère ou les hommes du commando, ils se calmaient et s’en allaient vers les chambres à gaz, en jouant ou en se taquinant, un joujour dans les bras... "
R Hoess, Le commandant d’Auschwitz parle.
" Nous devons nous déshabiller, complètement, devant des Allemands des deux sexes qui, un sourire ironique aux lèvres, nous regardent passer nus, nos chaussures à la main. Des femmes nous arrachent nos bijoux. Pour une fille de 17 ans, très pudique, je vous assure que c’est dur"
Denise Holstein, "
Je ne vous oublierai jamais, mes enfants d’Auschwitz ... ", Editions n°1995.
c. Le KAPO et la hiérarchie du camp (" KAmaraden POlitzei ".)
Nous avons vite appris que les occupants du Lager se répartissent en trois catégories : les prisonniers de Droit commun, les prisonniers politiques et les juifs. Tous sont vêtus de l’uniforme rayé, mais les droits communs portent à côté du numéro, cousu sur leur veste, un triangle vert ; les politiques un triangle rouge ; les juifs, qui sont la grandes majorité, portent l’étoile jaune. Quant aux SS, il y en a, mais pas beaucoup, ils n’habitent pas dans le camp et on les voit rarement. Nos véritables maîtres, ce sont les triangles verts qui peuvent faire de nous ce qu’ils veulent, et puis tous ceux des deux autres catégories qui acceptent de les seconder, et ils sont légions.
Primo Levi, Si c’est un homme, Pocket 1990
d. Le Revier ( une infirmerie au camp ?)
" Tout à coup, le médecin S.S. se présente dans les Blocks. Tous les malades et blessés doivent défiler nus devant lui (ils étaient du reste rarement munis d’une chemise). D’un geste de son index, il les fait mettre presque tous d’un côté de la baraque. Le sergent-infirmier inscrit leur numéro matricule. Consternés, car nous savons qu’ils sont condamnés à mort, nous mentons à ces malheureux et nous leur disons qu’on va les transférer dans un autre camp. La plupart ne se font aucune illusion sur le sort qui les attend.
Les plus jeunes pleurent et ne veulent pas comprendre qu’à cause d’un ulcère de la jambe ou d’une gale infectée ils doivent mourir. Ils me demandent anxieusement si l’asphyxie par les gaz est douloureuse. Les plus âgés sont résignés, d’autres prient et écrivent des lettres d’adieu qui n’arriveront jamais à destination. (...) Après un dernier appel et une dernière vérification de leurs numéros matricules, on leur enlève chemises et ceintures et ils montent tout nus dans les camions. Les quelques récalcitrants y entrent poussés par des coups de crosse et des coups de gourdin. Consignés dans nos baraques, nous regardons à travers les fissures les camions se diriger vers les fours. "
Témoignage du docteur Robert Lévy, médecin déporté qui se trouvait dans l’infirmerie du camp d’Auschwitz, cité par Dominique Natanson sur le site Mémoire juive et Education
4. Quelques chiffres
L’exemple de Mauthausen. Un camp de concentration et un centre d’Euthanasie ( Château d’Harteim).
Sources : Mauthausen. Serge Choumoff
Total des déportés 230 000 déportés de toutes nationalités, 100 000 (43.50 %) sont morts.
Estimation des gazages au Château d’Harteim en 45 mois de fonctionnement : 26 335 morts
L’exemple d’Auschwitz. Un camp de Concentration et un centre d’extermination.
Sources Georges Wellers
Total des déportés : 1 613 455 dont 1 433 405 juifs, 21 665 tsiganes
Total des morts : 1 471 595 dont 1 352 980 juifs, 20 255 tsiganes
L’exemple de Treblinka. Un centre de mise à mort " industrielle " 6 chambres à gaz .
Sources Ch Bachelier
750 000 juifs internés et gazés. Taux de mortalité 99.9 %
QUESTIONS
1. Notez quelques informations sous forme de tableau
Avant 1941-42
Après 1941-1942
2. Travaux de groupes
En utilisant vos souvenirs du film, le tableau qui vous avez complété ainsi que les documents (manuels, livres, etc.), répondez aux questions suivantes de la manière la plus précise et la plus réfléchie possible.
I. 1933-1941/42 : ......
a. Quel type de camps est créé en 1933 ?
b. Qui furent les premiers prisonniers . ?
c. Dans quels pays conquis les Nazis multiplièrent-ils les camps ? Pourquoi ?
d. Complète le titre du I.
II. 1941/42-1945 : ..............
e. Quels changements le decret "Nuit et Brouillard" introduit-il ?
f. Comment les camps de concentration ont-ils été utilisés par l’économie de guerre nazie ?
g. Après la conférence de Wannsee (1942), quels sont les nouveaux camps qui apparaissent ? Quelle est leur fonction principale ?
h. Qu’arrive-t-il aux Nazis arrétés lors de la libération des camps ?
i. Complétez le titre du II.
III. La vie dans les camps.
j. Essayez de reconstituer la journée d’un déporté.
3. L’oeuvre d’Alain Resnais et le "devoir des mémoires".
Ne pas faire. cette partie du questionnaire sera abordée en classe
k. La séquence du camp de Pithiviers : description et analyse.
l. Le problème des sources.
m. Nuit et Brouillard et le génocide juif.
n. Les années 1955-57