Notre séjour en République Tchèque touche à sa fin. Les deux semaines passées à Kostélec à 150 km à l’est de Prague avec les élèves tchèques et leurs professeurs, puis 2 jours consacrés à la visite de la capitale nous ont permis de découvrir les richesses d’un pays si différent du nôtre.
Aujourd’hui 14 juillet, jour symbole de liberté pour les français que nous sommes, nous allons visiter le camp de concentration de Teresin autre symbole de ce que l’homme peut faire de pire.
Hier déjà nous avons fait connaissance avec le passé tragique du pays durant la Seconde Guerre Mondiale en visitant la synagogue Pinkas dans le quartier juif de Prague transformée en mémorial dédié aux juifs de Bohème et de Moravie morts en déportation.
Nous avons encore dans l’esprit les murs couverts de tous les noms de ces victimes disparues anonymement dans les camps..... des enfants, des parents, des grands-parents ... nous découvrons que tous ces villages où nous avons vécus dans les familles, des moments de paix et d’amitié, ont eu leurs martyrs, à Kostélec, à Castolovice ou à Letorad .......
Et tous ces dessins témoignages des enfants de Teresin, que d’émotion face à leurs rêves et à leur tragédie exprimés avec simplicité et naïveté.
Nous quittons donc notre lieu d’hébergement dans le centre de Prague pour la gare routière. Il fait gris et frais. Nous parcourons rapidement les rues du centre, nous prenons le métro et en moins d’une demi-heure nous attendons l’autocar. Nous quittons Prague à 10 heures et arrivons dans la ville de Teresin à 11 heures.
Le temps est toujours plus gris et maintenant nous redoutons la pluie.
Nous parcourons rapidement les rue de la ville de Teresin, cette ancienne ville de garnison des Habsbourg chargée de surveiller les frontières du nord. Notre souci immédiat est de trouver du ravitaillement. Nous faisons le tour d’une grande place et nous parvenons à acheter de la nourriture dans un magasin d’alimentation et dans une boulangerie. A peine les courses sont-elles terminées que les premières gouttes commencent à tomber, lentement puis de plus en plus fort. Il nous faut trouver un abri pour ne pas être trempés jusqu’aux os. Nous repérons des arcades sur le côté de la place. A pas de course nous nous y réfugions. Ouf... nous pouvons manger au sec. On verra après.
Entrée du camp de Terezin
Un heure plus tard, la pluie s’arrête. Nous pouvons gagner à pied le camp de Teresin après une demi-heure de marche. Il est 14 heures.
Nous arrivons face aux énormes murailles par une allée plantée d’arbres. De chaque côté nous découvrons des sépultures collectives... le silence, le recueillement c’est le premier contact avec le camp. Plus loin, l’entrée..... des lettres noires sur fond blanc ARBEIT MACHT FREI ..... des murs qui n’ont jamais abrité la liberté !
Notre guide nous accueille et nous conduit à travers les installations du camp. Il nous parle en tchèque et un professeur tchèque traduit. Tous ces murs, toutes ces salles vides, ce sont des pages de vie des déportés.... la brutalité dans les salles de tortures, la vie dégradante dans ces cellules trop petites pour accueillir autant de monde, la mort près du mur d’exécution et de la potence.
Nous entrons davantage dans l’intimité de ces hommes abandonnés à leurs bourreaux. Une exposition nous montre vêtements, lunettes, briquets...., là sur quelques pages écrites avec soin des nouvelles qui ne sont jamais parvenues au destinataire, et puis des photos des enfants, de l’épouse.... seul objet pour rester accrocher à la vie.
Autour de nous il y a beaucoup de monde... mais c’est le silence. Chacun essaie de comprendre et d’imaginer.
Mais nous allons découvrir l’inimaginable pour beaucoup de jeunes : la propagande. Une propagande méticuleusement organisée dans le moindre détail. Une propagande pour tromper les représentants de la Croix Rouge visitant cette salle de bain qui n’a reçu que des figurants.... lavabos, miroirs, eau chaude, eau froide....
Et ces films montrant les moments idylliques vécus par les prisonniers..... le sport, le concert, la couture, le jardinage, les fêtes traditionnelles, .... uniquement de la joie, des rires... bref le bonheur sous le regard paternaliste du commandant du camp. Le Monde n’avait pas à s’inquiéter.

Dessin de Bohumil Janda. juillet 1944. Terezin.
in "la petite forteresse de Terezin". déjà signalé
La visite se termine à la librairie... beaucoup d’élèves achètent des documents qui seront plus des témoignages que des souvenirs, pour le prochain cours d’histoire. Nos jeunes élèves pourront ainsi témoigner, relire Robert DESNOS, mort le 8 juin 1945, au camp de Teresin :
« Or, du fond de la nuit, nous témoignons encore
De la splendeur du jour et de tous ses présents.
Si nous ne dormons pas c’est pour guetter l’aurore
Qui prouvera qu’enfin nous vivons au présent. »Nous quittons rapidement le camp en prenant quelques photos. Nous devons faire vite car l’autobus qui doit nous reconduire à Prague n’attendra pas.
Nous regagnons ensuite notre excellent restaurant Kampa pour prendre le dernier repas en République Tchèque. Nous quittons Prague à 21 heures.
Nous dédions la réussite de notre séjour en République Tchèque à nos amis :
Madame Oberreiterova Directrice de Obchodni Akademie de Kostelec nad Orlici.
Madame Martina Finsterlova, Madame Oxana Kopinova, Madame Hanna Stikova professeurs
Monsieur Pavelka Directeur Adjoint.
Nous espérons que tous les élèves ayant participé à cet échange ont su mesurer la chance de vivre avec d’autres jeunes dans une Europe pacifique et démocratique.