Triangle destiné aux Français © Marek Orski D.R.
Les Allemands ont dirigé vers le camp, tout d’abord ceux qui avaient été arrêtés en Poméranie, ensuite sont arrivés les détenus transférés des prisons de la Gestapo, de la Police et des camps comme Buchenwald, Mauthausen, Flossenbürg, Oswiecim (Auschwitz), des différents Ghettos et d’autres lieux de persécution. On estime qu’ environ 110.000 détenus sont passées par ce camp. Ces détenus venaient de toutes les couches sociales, de toutes religions et de différentes opinions politiques. Ils étaient des hommes, des femmes et des enfants de tous âges, de 28 pays d’Europe : polonais et hongrois, tchèques et slovaques, belges et hollandais, danois et norvégiens, finlandais, yougoslaves et autrichiens, suisses et italiens, grecques et roumains, russes et d’autres nationalités de l’URSS, des britanniques, des allemands, etc. ... Dans ce camp sont passés également 581 personnes de nationalité française dont une centaine a trouvé la mort.
Manteau de prisonnier © Musée de Stutthof D.R.
Les détenus arrivaient par camions mais également par chemin de fer à voie étroite et même par barques. Dans certains baraquements, étaient isolés des détenus dits de « catégorie exceptionnelle ». Tel était le sort qui attendait tout d’abord les Juifs mais également les familles des officiers allemands qui avaient tenté de supprimer Hitler le 20.07.1944 (entre autres la famille de Stauffenberg) et les soldats soupçonnés de collaboration avec les alliés. Dans une baraque il y avait un "hôpital" (« revir ») qui servait plus à isoler les malades des autres prisonniers qu’à les soigner.
Au camp étaient annexés 45 sous-camps et plusieurs commandos extérieurs.
Des esclaves pour les entreprises du Reich
La firme allemande « Deutsche Ausrüstungswerke » (usine d’équipement) a construit dans le camp même une filiale de production d’armements. Deux grandes halles, pour le montage des moteurs d’avions, ont été construites dans le voisinage par « Focke Wulff » Ces entreprises profitaient de la main-d’ouvre fournie par la direction SS du camp. La firme Gerhard Eppe - constructeur de machines à Stutthof et d’autres firmes ont profité des mêmes « avantages ».
Le travail durait en général de l’aube au soir - 10, 12 heures si ce n’était pas plus, avec une interruption pour une maigre soupe de betteraves ou de pommes de terre pourries. Les conditions de travail furent terrifiantes. Au moindre faux-pas, les détenus étaient battus, sans cesse rappelés à l’ordre par des cris incessants et des humiliations ou encore terrorisés par les chiens. Ils étaient traités de tous les noms et constamment maltraités.
Les châlits © Musée de Stutthof D.R.
Les conditions du séjour dans le camp étaient tout aussi insupportables et on peut dire inimaginables de tous les points de vue. Les conditions élémentaires d’hygiène étaient inexistantes, le surpeuplement et les conditions nutritionnelles étaient telles que la moyenne du poids d’un détenu était de 40 kg. Les conditions de traitement par les surveillants étaient inhumaines. Pas étonnant que les déportés mouraient souvent par dizaines chaque jour, même quand leur sort n’était pas de mourir immédiatement après l’admission au camp.
Le camp © Musée de Stutthof D.R.