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dimanche 4 novembre 2007 par
Victor DEGORGUE
En ce 2 septembre 44, sous la pluie qui ruisselle, le 2e Cuirassiers atteint Annonay vers 15h. Une longue halte permet d’effectuer les pleins d’essence, puis c’est le départ pour Avézieux. Il pleut toujours abondamment mais le « Combat Command » donne cependant l’ordre de rejoindre Saint-Galmier afin d’y passer la nuit. La colonne repart donc vers 19h. Voici Bourg-Argental puis le Col de la République dévalé à vive allure tous feux éteints et enfin Saint-Etienne. La ville est éclairée comme en temps de paix. La population, massée sur les trottoirs, forme une haie enthousiaste, débordante, ce qui n’est pas sans donner quelques frayeurs au conducteur des engins lancés à toute vitesse. Une heure plus tard, le Régiment s’arrête à Veauche ; ses éléments s’étirent sur 1,5 km. Le gros des chars stationne dans la cour de la Verrerie, d’autres, ainsi que des engins et véhicules divers, bivouaquent à Pied-de-Vache. Le PC se trouve, quant à lui, sur la place de la mairie. Depuis le matin, point d’Allemands aperçus mais les soldats les talonnent et demain, c’est sûr, il faudra de nouveau en découdre.
La halte Forézienne
On pose pour la postérité devant le "Champagne", du 1er escadron. Ce char sera détruit le 29 septembre, près du col de la Chevestraye,vers Baumes-les-Dames (Doubs).
La halte Forézienne
Ce dimanche 3 septembre les habitants se lèvent tôt. Ils revêtent leurs beaux costumes pour aller à la messe et puis, quand même, c’est la Libération ! Mais, avant de se rendre à l’église, ils viennent fêter leurs libérateurs et prennent quelques photos des tanks, jeeps, half-tracks, GMC, scout-cars, Dodge (quels noms bizarres !) et autres véhicules, qui doivent, dès 7h, être prêts à repartir. Pourtant, à 11heures, ils sont toujours là ! N’allez pas croire qu’ils sont retardés par les Veauchois. Non. Mais l’avance a été trop rapide et le ravitaillement en essence se fait attendre. Il faut dire qu’un char, par exemple, demande de 500 à 700 litres de carburant qui arrive, par camions-citernes, de Marseille. En les attendant, les soldats occupent « agréablement » leur temps. Certains envahissent le café Villemagne et jouent au billard. L’un d’eux propose au propriétaire un échange bon enfant « Si tu me fais manger une fricassée de patates, je te donne mon blouson ». D’autres, le carillon du clocher ayant tinté, assistent à la messe dominicale. Des Veauchois offrent des bouteilles de vin, des saucissons ou, midi sonnant, invitent les soldats à leur table. D’autres encore glissent quelques valses sur la piste de danse d’un bal avec radio-crochet organisé, en raison de ce grand jour, au Foyer des Travailleurs.
Le "Colmar" , du 1er escadron, prêt à quitter Veauche
L’essence arrive enfin et les opérations de remplissage commencent aussitôt. Au fur et à mesure que les réservoirs se remplissent, les engins partent par éléments ou par escadrons complets. Mais tout a une fin... « Tout le monde au Bataillon ! ». lance un gradé monté sur l’estrade. Cest fini, ils sont partis vers Anse par Saint-Foy-l’Argentière et Lozanne.
Tous, sauf un...
Victor DEGORGUE ( à suivre)
Cet article a été publié dans l’Essor du Rhône.
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