Les difficultés du Progrès de Lyon avec la censure ne sont pas nouvelles en 1942 : déjà le 25 novembre 1940 et le 4 juin 1942, le journal n’avait pu paraître, censuré par Vichy.
Le 11 Novembre 1942, les Allemands viennent de passer la ligne de démarcation et la zone Sud est désormais occupée à son tour.
Le refus de publier, en tête de page, un communiqué de la censure allemande au sujet des "prétendues intentions des Etats-Unis" pousse la Direction du Progrès, en accord avec sa rédaction, à interrompre le tirage du numéro 30 037.
Le Figaro, replié à Lyon depuis l’Occupation de la zone Nord, disparaît quelques jours plus tard pour les mêmes raisons.
Le Progrès ne reparaîtra que le 8 Septembre 1944, à la Libération.
D’après Le Progrès. Vendredi 22 novembre 2002
Coup d’Eclat de la Résistance Lyonnaise : Distribution d’un faux Nouvelliste
En réponse à un correspondant qui me demande s’il n’y a pas eu un faux numéro du Progrès, distribué par la Résistance, comme ce fut le cas avec "Le Soir" à Bruxelles le 9 novembre 1943 :
Le 31 décembre 1943, un faux numéro du Nouvelliste est tiré à 25 000 exemplaires et distribué dans les kiosques par les Résistants Lyonnais à la place du Nouvelliste.
« [...] Le soir du 11 novembre 1943, de retour du défilé patriotique des Maquis de l’Ain à Oyonnax, Charles Mohler se retrouve (en raison du couvrefeu) avec son adjoint, Lucien Bonnet, au domicile de Henri Jaboulay, chef régional Maquis. Alors qu’ils écoutent tous trois la radio de Londres, ils apprennent qu’une fausse édition du journal bruxellois Soir a été diffusée en Belgique par des résistants belges. Après discussion, ils projettent ensemble de réaliser quelque chose d’analogue à Lyon, en vue de faire connaître au plus large public les actions de la Résistance. Charles Mohler suggère de s’en prendre au Nouvelliste, journal ouvertement collaborationniste » [1]
« Ce numéro exceptionnel du Nouvelliste a été entièrement réalisé par les Mouvements unis de la Résistance (MUR - NDLR) et mis en vente par eux malgré Gestapo et police vichyssoise, à titre de sanction contre la direction collaborationniste de ce journal." pouvait-on y lire entre autres articles : « Appel à la bourgeoisie », « Raids massifs sur l’Allemagne », « Les vrais terroristes, c’est la Milice », « Oyonnax a fêté avec enthousiasme l’anniversaire de la victoire ! », « Le maréchal de France, chef de l’État, rétablit la République », « En deux mois, 140 000 têtes de bétail ont été livrées aux Allemands par la région de Paris », « Comment fut préparé le débarquement des Alliés en Afrique », « Maquis contre boches »...
Les diffuseurs avaient conseillé aux principaux gros débitants de retirer l’édition du Nouvelliste dès livraison pour la remplacer par la nouvelle par "décision de la censure" . La supercherie fonctionne, la police ne commençant à s’agiter que vers 8 heures du matin, quand bon nombre de Lyonnais^ont acheté leur "journal" !